Les investisseurs abordent la semaine dans un calme trompeur. Ils semblent peu inquiets de l’audience prévue devant la Cour suprême concernant la légalité des tarifs douaniers instaurés sous l’administration Trump. Pourtant, les implications macroéconomiques et fiscales de cette décision sont potentiellement majeures, et le risque d’une réaction tardive du marché n’est pas à exclure.
La procédure, accélérée par la Cour, laisse entrevoir une décision dès la fin du mois de novembre. L’impact sur le dollar dépendra étroitement de la nature du verdict et des signaux que laisseront transparaître les juges lors des auditions.
Scénarios et impacts possibles
1. Validation des tarifs dans leur forme actuelle
Si la Cour suprême juge les tarifs conformes à la législation, ou laisse entendre qu’ils peuvent être facilement légalisés, le marché y verrait une réduction de l’incertitude fiscale et réglementaire.
Dans ce cas :
- Les rendements obligataires pourraient légèrement reculer, reflétant un allègement du risque budgétaire.
- Le dollar se renforcerait modestement, porté par une perception de stabilité politique et économique accrue.
- Les marchés actions américains bénéficieraient d’une atténuation du risque juridique et d’une visibilité renforcée sur la politique commerciale.
Il s’agirait d’un scénario « risk-on » modéré, où le billet vert profiterait de la consolidation du cadre institutionnel.
2. Illégalité partielle des tarifs avec possibilité de correction
Une décision jugeant les tarifs illégaux, tout en laissant une porte ouverte à leur ajustement technique, emmènerait une phase de volatilité transitoire.
- Les marchés obligataires pourraient réagir par un léger rebond des taux longs, le temps d’évaluer la portée budgétaire de l’arrêt.
- Le dollar pourrait d’abord fléchir avant de se stabiliser, une fois le risque de remboursement des tarifs écarté.
Ce scénario limiterait la casse fiscale et préserverait la crédibilité des États-Unis sur les marchés internationaux, au prix d’une brève période d’incertitude juridique. En somme de la volatilité court terme sans changement de paradigme majeur.
3. Illégalité avec obligation de remboursement
Si la Cour juge les tarifs contraires au droit et impose le remboursement des droits perçus, l’impact sur les finances publiques serait significatif : jusqu’à 0,3 % du PIB en pertes budgétaires immédiates, voire plus en cas de remboursement rétroactif.
- Les rendements des Treasuries augmenteraient sous l’effet des craintes de déficit aggravé.
- Le dollar subirait une pression baissière notable, les investisseurs étrangers exigeant une prime de risque plus élevée pour financer la dette américaine.
- Les marchés actions réagiraient de façon ambivalente : la suppression des tarifs soutiendrait les marges des exportateurs étrangers, mais pèserait sur la confiance domestique et sur la stabilité du cadre budgétaire.
Ce scénario refléterait une perte de confiance dans la solidité fiscale américaine et pourrait déclencher un mouvement de désengagement temporaire sur les actifs libellés en USD.
4. Annulation totale des tarifs et incertitude budgétaire
Le scénario le plus défavorable impliquerait l’invalidation totale du dispositif tarifaire, avec remboursements massifs, incertitude juridique et absence de solution alternative immédiate.
- L’impact sur le déficit fédéral serait durable, estimé entre 0,6 % et 1 % du PIB à court terme.
Les investisseurs étrangers, déjà sensibles à la montée du déficit, pourraient réduire leur exposition aux actifs américains, alimentant une spirale de défiance. Ce scénario rappellerait par certains aspects la correction observée au Royaume-Uni lors de la crise obligataire de 2023.
Les marchés affichent aujourd’hui une sérénité qui semble ignorer le risque latent d’un choc juridique et budgétaire. Selon moi la balance des risques demeure asymétrique : le potentiel de dépréciation en cas de verdict défavorable excède largement le gain escompté en cas de validation du statu quo.

Il se peut également que peu d’informations nous proviennent le 5 novembre, c’est en tout cas ce qu’anticipe le marché par leur calme. Il faudrait dans ce cas attendre le verdict fin novembre. Cette décision pourrait redéfinir non seulement la politique commerciale américaine, mais aussi la prime de risque structurelle du dollar pour les trimestres à venir.

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